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Regardez-moi, je vous regarde ! Photographe sourd

Ce somptueux court-métrage en N&B de Brigitte Lemaine déroule la vie et l’œuvre de Koji Inoue, à travers l’exposé et l’interprétation du comédien sourd Levent Beskardes.


Synopsis

Koji Inoue est né en 1918, mort en 1993. À l'âge de 3 ans, il devient sourd suite à un accident. Photographe dès son plus jeune âge, il perd tous ses négatifs dans un bombardement. Il abandonne son métier d'ébéniste pour ouvrir une boutique photo et un club photo pour sourds dans les années 50 qui deviendront très importants. Grâce à l'aide de son fils, il expose et publie ses photos au Japon et en France à la fin de sa vie. À travers le récit en langue de signes du comédien sourd Levent Beskardes, nous découvrons ses photos, sa vie, ses thèmes favoris. Le regard d'un photographe sourd est-il le même que celui des autres photographes ?


L'avis de la rédaction par Corinne Guerci


C’est toujours dans un décor minimal que le comédien raconte le parcours du photographe : dans un jardin japonais, devant l’architecture moderne de l’Arche de la Défense ou à côté d’un cube réunissant vase de fleurs, appareil-photo et livre. Décor du récit entrecoupé régulièrement par des œuvres de Koji Inoue : photographies d’enfants, de gens dans la rue, de scènes urbaines, qui se révèlent avant tout des photographies de regards. De la même manière, la musique contemporaine de la compositrice Rika Suzuki est ponctuée de sons extraits de la réalité (bombardements de 1945 ; sifflet de train...).


Est soulignée l’importance du langage du corps dans les personnes photographiées, et par là, cette question de « comment s’ajuster au monde sans le son ? ». À environ un tiers du film, un plan magistral montre seulement les mains gantées, sur fond noir, du comédien qui s’exprime en langue des signes. Quelques minutes plus tard, il déroule une pellicule juste devant les yeux. Comme si le sens, le regard, émergeaient d’abord de l’obscurité et du silence.

« La vie est comme un film muet qu’il faut suivre ». Ce film est profondément métaphorique et réflexif. À travers l’histoire de Koji Inoue, et de sa reconnaissance difficile dans son propre pays, il met en abyme la question du vivre-ensemble entre les entendants et les sourds et l’importance du regard comme condition d’existence. Film très élégant et méditatif, c’est aussi un film-manifeste : «Regardez-moi !, je vous regarde ! ».




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