Pour son neuvième documentaire, le réalisateur Benjamin Laurent repart sur le sujet du TDAH. Après "Plongez en nos troubles" qui abordait la question du TDAH à l'école. Voici "TDAH de l'adulte, 5 témoins se dévoilent" qui retrace le parcours de 5 adultes.
Cortex : Pourquoi être parti de l’enfance de chacune des personnes interviewées ?
Lorsque l’on a démarré le film, il était évident pour moi que le début de l’histoire des personnes prenait racine dans l’enfance. Le TDAH est un trouble du neurodéveloppement. Ce n’est pas un trouble qui apparait à la suite d’une supposée éducation ratée, d’une carence quelconque. Je voulais absolument que l’on se rende compte de ça. C’est également une façon de montrer l’importance d’un diagnostic qui soit fait rapidement. Tous les témoins du film ont comme point commun de ne pas avoir été diagnostiqué dans l’enfance. On peut légitimement se demander si leur parcours n’aurait pas été différent.
Pourquoi avoir utilisé des passages en dessin animé pour illustrer des séquences du film ?
Il y a dans le film des séquences émotionnellement douloureuses pour des personnes qui, comme moi, ont un TDAH. On peut rapidement se projeter dans la vie de chacun des personnages,
et s’y identifier en fonction de son vécu. Le dessin était pour moi une manière d’adoucir les propos, de nous transporter dans l’imaginaire et nous permettre de ne pas
prendre la réalité trop de front.
Qu’est-ce qui vous a le plus marqué lors de la rencontre avec les personnes interviewées ?
Le film a été compliqué à réaliser. J’ai eu du mal à me lancer dans le sujet. Le fait d’être concerné par le trouble est à la fois un avantage et un handicap. C’est un avantage, car je peux comprendre et ressentir ce que me livraient les personnes. Je me disais tout le temps : est-ce qu’à leur place, j’aurais eu le courage d’en parler ?
Et c’était en même temps un handicap car certaines situations faisaient écho à mon parcours. J’avais
beaucoup d’empathie envers ces cinq personnes. La vulnérabilité qu’ils m’ont confié m’a vraiment marquée. C’est pour cette raison que j’aime profondément le documentaire, on y vit des moments humains très intenses.
Comment avez-vous choisi les témoins du film ?
Chez Cortex Média, nous avons une méthodologie basée sur une valeur cardinale : la co-construction.
Nous travaillons toujours avec les associations représentant les personnes concernées que nous filmons. C’est important pour nous afin de proposer des films qui soient différents et utiles aux premiers concernés. Avec l'association HyperSupers TDAH France, nous voulions absolument éviter le cliché habituel. L’adulte TDAH entrepreneur à succès qui court dans tout les sens qui parle du TDAH comme d’un super-pouvoir ce n’était pas notre objectif.
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