Avoir un trouble dys à l'école, un chemin différent.
Un trouble DYS se diagnostique généralement dès l’enfance. Pour la plupart, même avant l’entrée à l’école primaire. Plusieurs signes ne trompent pas. « Il n’utilise pas le “je”, il a son propre langage, il ne fait pas de phrases construites » énumère Amandine à propos de son fils Valentin, porteur d’un trouble dysphasique. Dès son entrée au CP, le jeune garçon a connu beaucoup de difficultés pour s’intégrer, « ça a commencé quand je passais au tableau, je recevais des moqueries parce que je bégayais » relate-t-il. « Plus ça allait, plus ça devenait des insultes, on m’a même traité de ‘sale PAI’ » ajoute-t-il. [NDLR ; le sigle PAI signifie Projet d’Accueil Individualisé, un plan gouvernemental qui étudie les troubles et met en place des aménagements en fonction des besoins de l’enfant].
Devoirs
Au primaire, le premier obstacle auquel beaucoup font face, ce sont les devoirs. Une difficulté à laquelle même les parents ne sont pas toujours préparés : « il faut se donner à fond, il faut jouer dans chaque matière pour rendre l’apprentissage ludique, même si des fois ce n’est pas toujours possible et qu’on est souvent fatigué » nous dit Amandine.
« Pour les devoirs au primaire, c’était surtout maman qui m’aidait, on faisait des pièces de théâtre, on accrochait les lettres au mur pour les dictées… ça m’aidait à mieux retenir et à comprendre » se rappelle Valentin, collégien en classe de troisième.
Rejet social
En plus de ces difficultés scolaires, les personnes porteuses de troubles DYS attisent aussi la curiosité des autres élèves, « on me posait plusieurs questions comme « pourquoi est-ce que tu as un PC ? » et « pourquoi il y a une dame à côté de toi ? » [NDLR ; son auxiliaire de vie scolaire] c’était gentil au début » se rappelle Ambre, lycéenne en terminale. Et quand cette curiosité pousse les lignes, elle entraîne un rejet social, « on ne m’intégrait pas au primaire. J’étais seule à chaque récrée et les autres élèves me regardaient bizarrement » ajoute-t-elle.
Vie professionnelle
Passé le lycée et les études supérieures, l’entrée dans la vie active représente une épreuve supplémentaire pour les personnes porteuses de troubles DYS. « Je ne savais pas comment le formuler en entretien, admet Adélaïde, étudiante et en service civique, atteinte de dyslexie et de dyspraxie, « ça pouvait être très bien reçu, comme très mal reçu ».
« Pour contourner le problème, je compensais dans d’autres matières, ajoute Marine Fourest-Raymond, fondatrice d’une prépa apprentissage permettant aux personnes DYS de surmonter leurs difficultés, « par exemple, j’étais très forte en anglais, alors j’ai tout misé en anglais pour ma carrière, je ne travaillais que pour des entreprises américaines ».
Malgré les difficultés rencontrées, toutes ces personnes regardent leur parcours avec fierté et laissent un message d’espoir : « Je bégaye moins maintenant et j’essaie vraiment de tout faire pour que ça se voit le moins possible » dit Valentin. « Il ne faut pas avoir honte ni avoir peur de son handicap, mon handicap il est là, il est présent au quotidien, il faut en être fier même, je dirais » ajoute Adélaïde. « Même si j’ai toujours du mal à demander de l’aide, je comprends de mieux en mieux que c’est normal et que c’est légitime » complète Ambre. « Je pense que si on devait tout refaire, ça m’a tellement appris, je referais tout pareil » conclut Amandine.
Alizé Lorion
Victime ou témoin d’une situation de harcèlement ? Des numéros existent pour vous accompagner. Harcèlement scolaire, le 30 20 est joignable du lundi au vendredi de 9h à 20h et de 9h à 18h le samedi. Cyberharcèlement, le 30 18 est un numéro d’écoute gratuit, anonyme et confidentiel. Il est accessible 7 jours sur 7, de 9h à 23h, par téléphone, par tchat en direct, via Messenger et WhatsApp et sur 3018.fr.
Toutes ces interviews ont été extraites de notre podcast « L’école des DYS », dans lequel nous avons interrogé cinq personnes porteuses de troubles DYS, qui nous ont raconté leur parcours scolaire.
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